Le camp d'Été, un espace-temps pour construire la Permaculture Sociale
Apprendre à être un problème pour l'autre. Coopérer vraiment. Se transformer soi. Légende du Camp d'été 2025, partie 1.
Une retraite pour faire le point sur sa vie ? Un espace-temps pour apprendre à coopérer ensemble et voir ce qui est à la base de nos relations et de notre communication ? Une colonie de vacances ? Une résidence d’artistes et de développement personnel ?
Un peu tout ça et un peu plus : un stage de Permaculture Sociale pour réussir à bâtir l’écosystème dans lequel la sécurité et le courage nous permettent de grandir ensemble, cocréer et coopérer.
Ce qui est sûr, c’est que ce n’est pas un espace pour des réunions post-its et des jeux coopératifs façon guimauve pour tenter de faire du lien tout en se brossant dans le sens du poil.
Ici nous apprenons à être des poils à gratter pour l’autre si c’est nécessaire, à dire haut et fort ce qui nous percute, pour bénéficier d’un maximum d’intelligence collective. Souvent, dans les groupes, une grosse partie de cette intelligence collective se fait la malle à cause des ‘non-dits’. Et si cela répondait à l’un des principes de la Permaculture Sociale : Oser d’abord, doser ensuite ?
“Je suis transformée. Je suis dans une paix intérieure, un calme qui est nouveau. Vis-à-vis de ma mère, j’ai réussi à tenir mes décisions. Le challenge était de savoir si j’allais tenir mes décisions et au final j’ai tenu avec une force que je ne connaissait pas jusqu’alors.”
“Pour mes enfants, ça m’est aussi très utile. Je dis au plus jeune, Baptiste : “tu te rappelles ce qu’on a vécu à la montagne ? De ne pas déverser ta colère en disant “toi, toi, toi'“ mais en parlant en ‘je’. Tu veux essayer en “je” ? Et souvent ça marche.”
témoignage de Camille Bascou, présente lors du Camp d’Été 2025
Lors de la première semaine, nous avons formé ensemble notre culture commune et créé notre événement de sortie de camp
L’un des principes du Camp d’Été est de créer ensemble un programme pas à pas. Autrement dit, nous avons une trajectoire commune : un festival à la fin du camp. Nous y mettons tous les moyens humains pour y arriver, sans structure prédéfinie. Il nous faut créer notre culture commune avec nos accords, nos principes, nos valeurs partagées et nos interdits (ce que l’on veut absolument qu’il ne se passe pas). Ainsi nous pouvons nous jeter ensemble à l’abordage de la coopération.
C’est cela qui rend l’expérience enrichissante. Nous avons chacun notre vision du monde (ou notre Boîte1) qui cherche à nous sécuriser plutôt que d’explorer. Il nous arrive alors d’avoir une expérience du collectif fade, sans saveur ou au contraire nous avons envie de fuir et de rejeter l’expérience.
Nous aimons au contraire aller dans cette zone d’exploration, où nous pouvons être confrontés sur notre réel désir de communiquer, de partager, de coopérer.
Ce qui veut dire que le projet lui-même de festival de sortie de camp peut être remis en cause si nous ne pouvons pas réellement coopérer.
“Je sens qu’il y a un truc qui ne marche pas ici, nous n’arrivons pas à coopérer et les décisions sont sans cesse bloquées. Je propose d’abandonner le projet de festival pour nous recentrer sur l’essentiel : nous.” nous dit Daphné
Une prise de conscience nécessaire à ce que chacun reprenne sa responsabilité dans le groupe. Qu’allons nous faire de ce constat ?

Lors de la deuxième semaine, nous avons transformé nos blocages et nos problèmes en opportunités*

*Le problème est une solution (ou une opportunité) est un des principes de la Permaculture selon son cofondateur, Bill Mollison.
Une des collaboratrices décide de sortir du groupe pour se recentrer sur elle-même : le groupe peut finalement coopérér2 !
Parfois le ‘faux semblant’ de coopération dans un groupe masque des non-dits et des objectifs inconscients opposés au but commun visé. Cela ne peut pas fonctionner.
Dans nombre d’Écovillages3 et de communautés que j’ai visité, des défaillances à “faire collectif” arrivent parce qu’un ou des membres amènent avec elles et eux des traumas4 liés au passé. Traumas qui leur ramènent à la mémoire des situations précises : au moment critique de prendre une décision importante, lors d’une tension émotionnelle d’un ou plusieurs membres entre eux, lors d’un changement de cap du projet, etc.
L’être humain n’est pas rationnel. C’est tout du moins une histoire que beaucoup de gens aiment à se raconter. Nous avons chacun nos casseroles, nos histoires qui nous séparent de ce qui est réellement important. Ici au Camp d’Été, nous disons : “chouette un conflit !” ou “chouette une émotion !” car nous avons les outils et la culture commune nécessaire à leur transformation.
Nous faisons de ce ‘problème’ humain une opportunité de rencontre plus profonde avec nos ombres, notre inconscient pour développer nos capacités à communiquer et être en relation. Et ça marche !

Un espace de transformation émotionnelle au service de la coopération
Être radicalement en connexion avec l’autre implique la capacité à être proche de sa sensibilité au jour le jour les uns avec les autres. Cela n’est pas possible si nous sommes réactifs, c’est à dire que nous passons notre temps à défendre notre vision du monde.
Nous avons donc mis en place une carte de la réactivité pour découvrir où sont nos principaux crochets et déclencheurs vis-à-vis de ce que disent les autres.
En désamorçant notre réactivité nous pouvons, de nous-même, redevenir responsables de notre communication et sentir si cela vient d’un besoin de sécurité ou de notre zone d’exploration.
Nous avons donc plongé dans ce qui fait notre capacité à communiquer et à ressentir, dépassant ainsi les tabous culturels vis-à-vis de l’émotionnel.
https://youtube.com/shorts/vHChXbNFggw?feature=share
(en anglais : hook = hameçon, accroche)
Après avoir traversés l’intensité émotionnelle propre aux Labos de Clarté avec la tenue d’un espace pour exprimer toute sa colère consciente et inconsciente, certains d’entre-nous ont pu reprendre leur plein pouvoir : “non, c’est non !”
En effet, si une émotion appartient au passé (dans la Gestion du Possible), nous pouvons la retraverser en conscience pour compléter la communication.
Suite à cet espace, les énergies se sont libérées et des choses que je supposais à tort impossible ont eu lieu. Partager un banquet maladroit avec des inconnues : possible ! Se donner à manger les uns les autres sans pouvoir se nourrir soi-même et parfois même sans couverts !
Faire un jeu ‘Qu’en disent les Patates ?’ pour entrer plus profondément en relation avec un groupe parlant plusieurs langues (le grec, le français et l’anglais) : Possible !
Et surtout, planifier en 3h et improviser des espaces lors de notre festival “Le Cirque de l’Évolution Humaine”: Possible !
PS : Articles à venir : Le menu du Possible et le Banquet de l’invisible, Le Labo de Clarté arrive que vous le vouliez ou non…
En Gestion du Possible, la Boîte est l’interface avec le réel, elle filtre la réalité suivant des conclusions, des expériences passées, des traumas (émotions), des croyances et nous permet de nous sentir ‘en sécurité’. Hélas elle nous permet rarement d’être dans notre zone d’expérience plutôt que notre zone de confort. Lorsqu’un événement, une situation, une remarque vient nous confronter dans nos croyances nos réactions sont parfois inappropriées. Si à la place nous sommes capables de créer une distance sereine avec notre vision du monde alors nous sommes à même d’aller hors de notre zone de confort pour explorer et partir à l’aventure.
La coopération n’est pas pensée comme une action venant d’une hiérarchie, comme dans la culture militaire. La coopération est le degré maximal d’empathie, de connexion nécessaire à accomplir un but commun : nous visons la même direction (par exemple ici le festival de fin de camp). La collaboration quant à elle consiste à chacun avoir un but différent, géré dans l’entraide. Dans le meilleur des cas un groupe solidaire, proche et empathique va coopérer en son sein et va collaborer avec d’autres acteurs, en dehors (réseaux, intermédiaires, administrations…).
Un Écovillage au sens international du terme, tel que définit par le Global Ecovillage Network (GEN) est actuellement une entité qui peut être reconnue par l’UNESCO et s’axe sur 5 dimensions : sociale, culturelle, économique, écologique et systémique. Souvent ils ont pour but de répondre - bien avant la plupart des structures existantes - aux 17 Objectifs du Développement Durables et oeuvre à un monde sain et habitable à l’horizon 2030 où les plus 2° de réchauffement climatiques seront irrémédiables.
En Gestion du Possible, nous utilisons le terme ‘Émotions’ pour parler de ce que la majeure partie des gens appellent ‘traumas’. La raison est que nous proposons un dépassement des traumas et une approche de transformation émotionnelle, plutôt qu’une ‘dé-traumatisation’ (rien que le mot est traumatisant).
C'est intéressant, j'aime beaucoup l'idée de se confronter pour comprendre les mécanismes de chacun. C'est d'ailleurs quelque chose qu'on voit beaucoup dans les mangas pour jeunes garçons (avec les combats). La société nous dit d'accepter, de tolérer, d'éviter les conflits. Mais, actuellement, elle essaie surtout de nous faire taire Or, on ne peut pas avancer sans comprendre.
Le conflit, ce n'est pas seulement se crier dessus sans raison. C'est la conséquence d'un malentendu, d'un non-dit.
Cet article permet aussi de mieux entrevoir tes séances et ce que tu proposes, c'est plutôt unique et inspirant.
Bonne continuation !