Un voyage en montagne, naissance d’une Équipe du Possible
Équipe du Possible partie 1 : Initier une Équipe du Possible
“Ne doutez jamais qu’un petit nombre de personnes puissent changer le monde, en fait, c’est toujours ainsi que cela s’est passé” — Margaret Mead.
Loin dans les montagnes des Pyrénées, je suis allé faire de la randonnée avec un ami précieux pour récupérer d’une maladie et d’une difficulté à respirer.
Je n’avais pas réalisé que c’était exactement le jour où j’avais l’intention de donner naissance à mon Équipe du Possible, et en effet, quelque chose est né ce jour là.
Souvent, lorsque je me sens submergé par une peur profonde, mon système surchauffe et je finis par tomber malade. Nous étions tous les deux en train de nous traîner et nous parcourions silencieusement la montagne dans la végétation épaisse.
Une merveilleuse chute d’eau sur la gauche nous a aidés à nous remettre de notre étourdissement et de notre silence pesant. La beauté des bois en décomposition évoquait d’étranges esprits. Des petits animaux se cachaient. Les nuages laissaient à peine apparaître le soleil.
Nous avons monté la montagne, puis allumé un feu au bord d’un lac. Après avoir secouru une petite fille qui se gelait les pieds dans l’eau glacée du lac pour traverser, nous avons fait cuire des pommes de terre au feu. La soirée fut silencieuse, mais étoilée et les vaches apportèrent leur lot de cloches, tintantes présences bienveillantes.
Le lendemain était un festin ! L’aurore rosée caressait les pentes herbeuses et biscornues des flancs de vallée. Je n’ai pris que peu de temps à observer le soleil se lever dans ma vie, ce que je fis ce matin là. Dès le réveil, j’observais déjà que mes difficultés à respirer n’étaient plus là, et ma torpeur déjà un peu dissipée.
Jour de Gremlin : café, gâteaux aux chocolats, juger la vallée, les gens et la Terre entière, ne pas décider, changer d’identité pour quelques minutes. Nous avons démarré la montée avec une nouvelle énergie, même si le soleil était devenu ardent et les pentes abruptes. Faire partie d’une Équipe du Possible, c’est un peu comme cela, une vraie expédition. Et puis l’effort imprévu amène d’autres surprises.
Nous nous perdons juste assez pour voir une marmotte se réfugier dans son terrier. Débris de roches scintillants et irisés. Douceur de l’eau qui coule, comme pour nettoyer, calmer, mais aussi donner de la puissance, de l’énergie. L’herbe est verte, la vallée douce dans ses courbes et sinueuse dans ses sentiers.
Lors de la montée, j’enregistre les premiers mots de mon livre sur la Permaculture Intérieure : un défi ! Ça agace un temps mon compagnon qui prends les devants, puis participe au gré des conversations et des torrents de mots qui sortent de ma bouche pour se précipiter dans ce petit boitier à tout faire appelé téléphone.
La pente est raide. Des gens me questionnent sur mes chaussures “comme pieds nus”, ravi, je leur explique l’alignement des vertèbres que cela procure et la correction de posture que cela permet. J’ai fait plusieurs adeptes de la marche à pied — comme pieds nus (les semelles permettent un contact direct au sol : réflexologie plantaire assurée !).
Nous nous sommes arrêtés en crête avec vue sur le Lac Bleu, le soleil au Zénith. Il me demande comment être plus ‘centré’, je lui explique, pratiques à l’appui : respire, reprends tes morceaux d’attention qui résident dans d’autres espaces (passé, futur, amis, situations…) et collecte-les comme si tu avais un aimant devant tes yeux qui les attirait, une à une…
Puis, une fois ce centrage, cet ancrage et ce bullage terminé, nous avons dévalé les pentes parfois encore enneigées allant vers le Lac Bleu. La Nature continue de m’inspirer : je le communique à ma boîte enregistreuse, quelle magie !
Nous nous arrêtons en bas, nous ne savons plus quoi faire : rentrer ? continuer ? Nous rentrons. Virages serrés, pierres brillantes, temps changeants. La brume et le soleil alternant donnent un côté mystique aux pentes de la montagne.
Nous faisons une halte auprès d’une cascade : idéal pour se rafraîchir, alors que la brume nous encercle d’un cocon protecteur. Moment de bénédiction inexpliqué, la brume se dissipe à peine avons-nous terminé notre baignade. Les moines du Bhoutan disent que les vallées embrumées permettent aux esprits de la Nature d’apparaître et que des combats majestueux peuvent avoir lieu sous nos yeux.
L’eau vivifiante me rappelle le plaisir d’être humain, sentir, percevoir au delà des yeux, vibrer de tout son cœur. Sensible aux énergies, je perçois de ci de là les gnomes, lutins, fées et les dragons qui surgissent de la montagne. Je n’ai pas de mots pour décrire autres que la poésie. Un de mes maîtres disait “je suis complètement allumé, ce qui est mieux que d’être éteint”. Dans une société occidentale désabusée, morne et morte de tout désir d’avenir, rêver est un affront : sorcellerie effrontée que d’être ce que je suis !
La descente se fait somptueuse, la montagne a des allures d’estampe japonaise. Les sentiers chantants se ramifient comme une pluie de petits torrents parsemés de cailloux.
Nous échangeons vivement à l’approche de la forêt, comme si le retour à la ‘civilisation’ allait déjà être dur, ou comme si une tension accumulée devait faire sortir les mots : Responsabilité.
Une Équipe du Possible n’est pas de l’ordre des Problèmes, sinon ce serait une Équipe de Problèmes ou de Solutions, c’est une Équipe de Possibilité. Pour reprendre son pouvoir, rien de tel que la pleine et entière responsabilité de sa vie : “en quoi suis-je responsable de ce qui m’arrive?” “cesse de remettre la faute sur les autres” “change ça pour voir, qu’est-ce qui se passe ?” “que ressens-tu?” “t’as quoi dans les tripes?” “qu’est-ce qui te manque?” et autres questions piquantes et précises jonchent notre chemin du retour.
La vie humaine est bien plus qu’une suite de survie, après la survie, après la survie… à l’infini.
C’est bien pour cela que des Équipes du Possible devraient être accessibles partout, déjà, en voilà une dans les Pyrénées, en plus de Clubs de Rage à venir.
Car cette colère elle me permet d’avancer, de générer d’autres choses que le “politiquement correct”, “la bien pensance” et “le bonheur de surface” et de laisser advenir mon Être et celles et ceux que je côtoie.
Se battre pour sa vie, sans retenue, pour voir advenir ses rêves me semble être la seule alternative à la survie. Je ne peux faire cela sans une telle Équipe du Possible, dévouée à mon succès — tout en étant bien sûr un enfoiré conscient, prêt à remettre en cause et questionner.
La bataille pour la vie ne fait que commencer !
Une Équipe du Possible me fait un peu penser à cette distinction par Looby Macnamara dans son livre 7 ways to think differently with Permaculture (7 façons de penser différemment avec la Permaculture) :
“Lorsque notre position par défaut est de trouver des solutions, chaque fois que nous rencontrons des problèmes, nous pouvons être créatifs, optimistes, réalistes et proactifs. Nous nous sentons plus autonomes, enthousiastes, confiants et résilients parce que nous nous éveillons au défi.
Nous devenons ingénieux, nous ne prenons pas ce que nous avons trouvé pour acquis, mais nous l’utilisons avec soin et sagesse de manière nouvelle et innovante.
Au lieu de regarder une situation en se demandant ce que nous avons à y gagner, nous cherchons ce que nous pouvons y apporter. Au lieu de chercher des coupables, nous assumons la responsabilité qui nous conduit à l’action. Nous passons du “je ne peux pas” au “je peux” ou peut-être ensemble, “nous pouvons”. Ensemble, nous pouvons relever les grands défis auxquels l’humanité est actuellement confrontée”. — Looby Macnamara
Sans s’arrêter — ne serait-ce que pour sentir, réfléchir posément- chercher, chercher des portes ouvertes pour laisser passer la vie, là où la modernité s’est efforcée de la détruire.
Réinventer un futur viable, vivable et même où le rêve s’exprime, grandissant est ce que nous faisons en prenant soin de la deuxième éthique de la Permaculture : prendre soin de notre humanité, nous renforcer, nous empuissancer et déployer notre valeur non-matérielle : créer du lien, des espaces extraordinaires, de la Transformation où l’on pensait que celle-ci était impossible, ré-illuminant le quotidien brisé par l’apathie et le déni.
Des pensées telles des outils pour percer le béton d’un avenir gris délavé.
Des pensées telles des graines pour donner naissance à un avenir éthique.
Mourir et mourir encore
Ma tête se heurte aux murs des impossibilités
Mon cœur s’écrase sur des relations pourries
Mon énergie se recycle pour créer, servir d’accouchement et relier.
Aussi fou que cela puisse paraître
Ma monnaie est l’évolution.
Personne n’est en mesure de relever seul un tel défi
Seule une équipe de personnes dévouées à notre réussite commune peut le faire.
Bienvenue dans l’Équipe du Possible !