Focus Collectif
L'aventure Collective
La collaboration en famille, avec les amis et les proches. Episode 1. Saison 1.
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La collaboration en famille, avec les amis et les proches. Episode 1. Saison 1.

Interview avec Ludivine Thiburs et Gabriel Lechemin, à propos des Espaces d'Écoute et de redonner du sens au mot "organisation"

Bonjour et bienvenue dans l'Aventure Collective, deuxième épisode. Cette fois-ci, je suis en présence de Ludivine Thiburs, et nous allons parler de la collaboration et du haut degré de collaboration dans les collectifs, principalement dans les familles, entre amis, et avec nos proches en général. Ces personnes avec qui nous voulons, a priori, tisser des liens intimes et être davantage en connexion.

Sauf que dans la réalité, ça ne se passe pas toujours comme ça. On va parler de nos expériences vécues pour garder ce podcast toujours sur un fil de la connexion à soi, de la connexion à l'autre, et de la connexion à plus grand que soi, plus large, le groupe comme une entité en tant que telle. Ce podcast, c'est la deuxième version.

Il a pour but de rassembler des acteurs qui veulent faire société différemment, qui veulent faire collectif différemment, et qui veulent se poser des questions pour avancer et changer leur manière d'être, et potentiellement créer des collectifs plus puissants, puisque c'est à partir des collectifs que naîtra une nouvelle société. C'est le but un peu fou que je me suis fixé pour ce podcast. J'ai la joie d'être avec Ludivine Tiburs, avec qui je suis proche, et avec qui je souhaite faire ce podcast.

Ludivine, s'il y avait trois mots pour te définir, pour dire quelles sont tes qualités en tant qu'être, ça serait quoi ?
-Bonjour, ce n'est pas une question facile, comme ça, de but en blanc.
-Si tu te connectes à toi, ta source, qui tu es, ou que tu penses, par exemple, au Pratelier qu'on a donné hier, est-ce que les gens sentent de ton être en général, quand ils te voient arriver dans un espace, qu'est-ce qu'ils disent ?
-Il y a un lien au fait de tisser, tisser des liens entre les gens, sentir quels liens peuvent être tissés entre les gens. Ce n'est pas un mot, mais c'est une idée.

Ce qui revient souvent, c'est ma créativité, l'expression de ma créativité, et le fait que j'ai beaucoup d'idées, beaucoup de projets qui m'animent, et que je veux soutenir.
-J'ai aussi beaucoup le jeu, dans la connexion, et le fait de faire groupe avec les autres, avec un état d'esprit de jeu.

-Je suis super flippée de faire cet épisode avec toi.

-Merci. Moi, j'ai aussi de la peur, et j'aimerais parler de nos peurs, en général, en rapport avec les collectifs, et avec ce qui ne fonctionne pas, peut-être, et ce qu'on peut faire pour que ça fonctionne un peu mieux. J'ai envie de parler de nos deux dernières expériences, avec des non-communications, des non-dits, qui aboutissent à une désorganisation collective.

J'ai envie de reprendre ce mot, organisation, pour lui donner de la valeur. Ça pourrait être un mot qui pourrait parler de logistique, ou de tableur Excel, mais je ne pense pas qu'il y ait plus grand que ça, ce mot-là, organisation. Pour moi, dans organisation, il y a organique, comment est-ce qu'on fait écosystème, et comment les gens tissent des liens les uns avec les autres.

J'ai envie qu'on parle de deux expériences de foirage, de liens manqués, de non-dits, qui ont amené à, justement, une déconnexion, une désorganisation. Pour dire que ce mot désorganisation, il est presque énergétique, émotionnel, il est lié à ce que chacun ressent, plus qu'une faculté comme ça, spontanée, de pouvoir s'organiser. Elle a des racines, l'organisation a des racines.

Et j'ai envie de dire que l'une de ses racines, c'est ce qui est dit et ce qui est partagé, consciemment. Est-ce que tu veux partager un exemple de désorganisation, ou toi, quelque chose qui t'a fait te sentir désorganisée récemment, et comment tu as tâché d'y remédier ?

-L'exemple le plus récent que j'ai, c'est plutôt en lien avec une amie de longue date que j'ai envie de rencontrer, avec qui j'ai l'impression que la rencontre devient de plus en plus difficile. Et je me suis rendue compte déjà que j'avais des attentes.

J'avais des attentes sur ce qui va se passer lors de cette rencontre.

-Plus précisément, tu attends quoi ? Qu'est-ce que tu veux qu'il se passe et qu'il ne se passe pas ?

-J'attends d'être en lien et d'avoir vraiment un temps de connexion avec cette personne et d'avoir vraiment un cadre, un cadre temporel où on peut se connecter, prendre des nouvelles. Et je sens que... Je me rends compte que c'est une illusion d'attendre ça dans un espace qui n'est pas un espace intimiste, qui est un marché. Et de rencontrer quelqu'un sur un marché, ce n'est pas un espace intimiste. C'est la première information que ça me donne. Que pour créer de l'intimité, qu'on peut créer de l'intimité n'importe où, mais qu'il y a comme un besoin d'initiation pour certaines personnes.

Et un besoin de mettre le focus sur ok, là tout de suite maintenant j'ai envie de connecter à toi et j'ai envie qu'on crée cette bulle d'intimité entre nous. Et s'il y a d'autres personnes qui viennent nous parler dans cette bulle, je décide consciemment de leur dire non pas tout de suite. Pour créer cette bulle.

- Ce qui voudrait dire qu'il y a des personnes qui sont totalement incapables de créer de l'intimité ? Si elles sont incapables de créer ce cadre temporel, cette bulle dans laquelle on peut se retrouver, échanger.

-Je dirais... Je trouve que totalement incapable c'est fort.

Mais peut-être qu'au stade de là où elles en sont, dans leur évolution, c'est quelque chose de difficile. Ou et où qu'il y a une espèce de sur-stimulation en fait, qui rentre dans la bulle et de ne pas arriver à faire des choix. Ça peut être ça aussi.

J'ai envie de dire bonjour à tout le monde et je n'arrive pas à faire un choix de non, j'ai envie de parler à cette personne. Donc si je fais le retour de ce qu'il se passe pour toi avec cette amie, c'est que tu sens qu'elle a une difficulté à prendre des choix, des décisions pour avoir cet espace avec toi. Pour être connectée à toi.

En tout cas c'est une histoire que je me raconte.

-Et du coup quand tu t'es rendu compte de ça, qu'est-ce que t'as décidé ? Qu'est-ce que t'as choisi ? Qu'est-ce qui s'est passé ?

-Déjà je me suis rendu compte que le manque de communication parce qu'il y a du coup un manque de communication c'est quoi le cadre relationnel qu'on établit ensemble ? Donc un manque de communication sur comment moi j'ai envie d'être en relation avec elle et comment elle, elle a envie d'être en relation avec moi. Ça crée beaucoup d'histoires en fait.

Ça crée beaucoup d'histoires que moi je me raconte par manque de clarté. Et les histoires que je me raconte c'est elle s'en fout de notre relation elle a d'autres personnes ressources elle a d'autres amis, d'autres relations qu'elle estime plus importantes que la nôtre.

-En gros pour remettre dans le contexte c'est plusieurs rendez-vous manqués avec elle sur le long terme pendant un an, deux ans pendant deux ans et comme une non décision par rapport à un temps de rencontre.

-Oui je dirais même pas que c'est un rendez-vous manqué parce qu'il n'y a pas vraiment de rendez-vous c'est plus l'espoir de la croiser et de pouvoir discuter avec elle donc je sens que c'est un côté foireux. Et du coup pour répondre à ta question de qu'est-ce que j'ai décidé de faire c'est que j'ai décidé de créer ce cadre et de lui proposer un vrai espace d'écoute un vrai espace d'écoute pour exprimer ce que je ressens en lien avec ce qui se passe entre nous et de lui dire c'est quoi toutes les histoires que je me raconte et est-ce que c'est vrai ou est-ce que c'est moi sa sorte de monde imaginaire.

-Et donc tu vas utiliser cet espace d'écoute pour lui partager ça, pour vérifier tes histoires avec elle.

-Et j'ai vraiment envie de à partir de ça j'ai vraiment envie de créer un cadre précis de comment on veut relationner ensemble pour l'instant j'ai l'impression que c'est juste un grand flou et je sens que c'est pareil avec d'autres relations mais voilà, c'est ça que j'ai envie de faire. Et c'est ça que j'ai commencé à faire d'ailleurs. Et ça te fait quoi de le faire ? J'ai beaucoup de joie j'ai beaucoup de joie de prendre en charge cette amitié.

J'arrête de laisser faire et de ne pas être satisfaite de ce qui se passe mais je décide de reprendre mon pouvoir, c'est moi qui décide ce que je veux qu'il se passe. Et j'ai très peur aussi parce que je sens que c'est un sujet qui traîne depuis longtemps j'ai peur des non-dits j'ai peur que ça soit pas si profond que ça j'ai peur de juger aussi de dramatiser, j'ai peur de me rendre compte que je me suis fait une grosse montagne de quelque chose qui n'est pas si gros que ça et j'ai peur aussi de proposer quelque chose de nouveau de la relation.

-Ça m'amène à partager ce qui s'est passé pour moi, un peu de la même manière avec un ami dernièrement et j'ai fait la même chose que toi sauf que j'ai eu cet espace d'écoute d'ailleurs t'étais pas loin, t'étais à côté et ce qui s'est passé pour moi c'est que j'ai pu exprimer ma colère pendant l'espace d'écoute et être entendu. j'ai envie de faire une parenthèse après sur ce qu'est un espace d'écoute pour que les auditeurs puissent devenir des expérimentateurs et expérimenter par eux-mêmes un espace d'écoute et je vais la faire maintenant, comme ça on la fait tous les deux et je raconte mon histoire après la façon dont ça marche c'est d'utiliser une palette de base, de 4 sentiments, de s'autoriser à dire qu'on a peur, qu'on est triste, qu'on est en colère et de s'autoriser à dire qu'on a de la joie la raison pour laquelle on utilise cette palette c'est que c'est des couleurs primaires et que toutes les couleurs peuvent être tissées si j'ai envie de dire que j'ai de la frustration, je vais dire que j'ai de la frustration ça sera peut-être moins précis que si j'utilise l'énergie de la colère pour le dire mais en tout cas je peux le dire, que je suis frustré, que je suis en désespoir je peux dire que je suis anxieux mais souvent le langage qu'on utilise dans notre société moderne est un peu fade, c'est-à-dire qu'il y a souvent des émotions un petit peu on va dire qu'on est irrité alors qu'on est super chaud en colère ou c'est difficile d'accéder à cette énergie pure du sentiment et on va plutôt rationaliser et dire ce qu'on pense dans sa tête et rester dans sa tête.

Pour moi ce qui était dur avec cette ami c'était de l'inviter à redescendre de sa tête pour aller dans son cœur je pense que c'est ça l'élément le plus difficile c'est d'y aller d'abord soi, s'autoriser à sentir les peurs que t'as par exemple, et d'aller avec pour parler à cette ami parler depuis son cœur ça aide à l'autre de parler depuis son cœur à lui aussi et une fois qu'on fait ça, ça peut nous aider à clarifier si on a bien entendu ce qu'a dit l'autre avec un reflet ou une sorte d'écoute active mais qui va pas être juste une écoute active de répéter comme un perroquet ce qu'a dit l'autre parce que ça serait mécanique, mais de le répéter avec la tonalité émotionnelle qu'il y a dedans. Donc ça c'est l'idéal de comment fonctionne un espace d'écoute, avec évidemment un espace au calme un espace beau qu'on va pouvoir choisir, où on se sent à l'aise pour pouvoir le faire, en ayant préparé en amont et en se disant est-ce que t'as 20 minutes là maintenant, et on fait cet espace d'écoute et la personne qui écoute ne fait qu'écouter et est en silence pendant que l'autre parle pendant 10 minutes en faisant des reflets si nécessaire pour faire un écho et aider l'autre peut-être à aller plus loin dans ses sentiments. Donc on va redescendre dans le cœur, dans ce qu'on ressent, et là moi ce qui s'est passé avec cet habit c'est que j'ai pu lui dire ma colère et il a pu sentir ma colère, ce qui était important pour lui c'était de sentir que j'étais vraiment en colère, et que c'était pas peut-être une règle arbitraire que j'avais envie de fixer parce que je voulais contrôler la situation mais bien quelque chose qui venait de mon cœur, qui venait de mon être profond qui venait de ma source, de mon désir d'être en connexion avec lui et pas d'une volonté de contrôle ou de dire je veux que tu sois comme ça parce que j'ai telle attente et donc tu dois te contrôler de telle manière, ce qui serait une forme d'amitié assez horrible j'imagine mais je pense que c'est ça l'enjeu de l'espace d'écoute pour moi en tout cas, c'est de passer de cet état de je me raconte des histoires, je suis dans ma tête où j'ai un peu peur d'y aller à j'y vais et je connecte réellement avec l'autre, avec ce que j'ai dans mes tripes dans mon coeur.

Est-ce que tu as autre chose à ajouter par rapport à ce thème là ?

-Moi ce qui me vient c'est que c'est vraiment un outil facile à mettre en place, qu'il n'y a pas besoin d'avoir des compétences particulières il n'y a pas besoin que ce soit parfait non plus, à partir du moment où effectivement l'espace il est clairement défini qu'on a qu'on se prend 20 minutes vraiment où on peut aussi se faire un petit moment de centrage au démarrage pour vraiment sentir qu'on est là en présence de l'autre et qu'on n'a pas la tête ailleurs et quand je l'introduis avec quelqu'un qui a jamais fait ça et qui a peut-être des peurs, c'est vraiment d'être dans le non-jugement et d'accepter que ce que partage l'autre, quand on est dans la posture d'écoute, ce que partage l'autre c'est sa réalité et de ne pas se mettre dans une posture de personne attaquée, parce que des fois c'est un peu ce qu'on peut ressentir si la personne en face elle est en colère pour quelque chose qu'on a fait par exemple, ne pas être dans la réaction mais d'être vraiment dans l'écoute de, ok, c'est ça qui se passe pour toi et peut-être que moi ça fait écho à des choses que j'ai vécues par le passé et que ça me donne envie d'être en réaction mais là c'est pas un espace de réaction c'est vraiment un espace d'écoute et de sentir ce qu'il se passe à l'intérieur de moi quand j'entends ça plutôt que de vouloir le sortir avec des mots de le sentir à l'intérieur et d'accepter que c'est là.

-Un truc qui est important à la fin de cet espace d'écoute, quand moi j'ai pu dire ce que j'avais sur le cœur et on peut demander à l'autre ce que ça lui fait. Justement d'avoir aussi un espace d'écoute par rapport à comment le message a été reçu globalement et là c'est à l'autre de parler et à l'autre d'écouter et du coup ça fait vraiment une conversation qui est très focus sur l'écoute Il n'y a plus ce truc-là d'écoute où on est à moitié à l'écoute et à moitié en train de réfléchir à ce qu'on va répondre. Ça n'existe plus On est vraiment plus dans le recevoir et après quand c'est à notre tour de parler on peut dire ce qui vient.

Ce qui est important pour moi aussi c'est d'avoir une dose de colère consciente pour poser le cadre de l'espace c'est-à-dire dire que c'est vraiment un espace d'écoute et pas un espace de réactivité où je vais vraiment être à l'écoute je peux répéter la phrase en faisant un reflet comme j'ai dit avec l'émotion de l'autre ou le sentiment de l'autre mais je ne suis pas là en réactivité On peut aussi s'autoriser l'un et l'autre à dire quand on sent qu'on n'est plus dans cet espace-là d'écoute ou que l'autre va dans sa tête de s'autoriser à dire je t'invite à revenir sur le sujet si la personne a tendance à partir dans un autre sujet de ramener gentiment la personne sur le sujet Dans les choses qu'on peut faire il y a ça aussi On peut aussi utiliser ce que j'appelle sa colère consciente c'est vraiment l'épée de clarté c'est ce avec quoi je vais dire si l'autre feint de sentir quelque chose mais ne sent pas vraiment c'est de lui dire je sens que tu me parles avec ta tête et pas avec ton cœur même si l'autre ne sait pas, le fait de le solliciter de cette manière-là peut l'inviter à trouver d'autres ressources pour retourner dans son cœur et être là à nouveau avec soi c'est pas quelque chose qui va se faire de manière automatique mais qui va se faire par la pratique ça fait 20 minutes qu'on est en train de parler on a parlé de tous les sujets qu'on voulait aborder on a parlé d'un gros sujet qui sont les espaces d'écoute et de ce que ça peut apporter dans le terme de la collaboration pour ses proches, pour la famille pour des amis et même dans les relations professionnelles c'est peut-être plus difficile à intégrer mais c'est vachement important il y a peut-être aussi cette célébration qui t'est arrivée dernièrement où tu as offert un espace d'écoute et la personne en a offert un autre elle m'a remercié en me disant qu'elle avait réutilisé l'outil dans une autre situation et que ça avait été vraiment bénéfique pour dénouer un noeud j'ai de la joie aussi d'essaimer cet outil une grande pollinisation possible à travers cet outil moi j'ai envie de finir par le début dans ce podcast, c'est-à-dire dire qui tu es, qu'est-ce que tu fais et de dire aussi qu'est-ce que je fais pour clore cet épisode

-je suis Ludivine je fais de la facilitation pour les groupes, les collectifs et j'accompagne des projets qui me touchent et que j'ai envie de voir grandir et je suis aussi chargée de communication je soutiens des entreprises, des entrepreneurs à développer une communication plus créative et plus vivante justement en se reconnectant à son cœur et en restant moins focus sur le mental

-super et moi je suis coach, médiateur Gabriel Lechemin permaculteur social et arcane et j'accompagne des managers, des CEO des thérapeutes aussi à améliorer leurs conditions de travail avec leurs équipes merci Ludivine

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